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GSM*, GPRS*, Edge*, Umts*, Wap*, Irda*, Bluetooth*, Wifi*, Machin Messenger, webcam, ADSL, ADSL2... Litanie sans fin des jargons et de la fuite en avant des technologies de la communication. Utilisateurs de ces technologies, à des degrés divers, les jeunes et les plus jeunes. Les moins jeunes également, et heureusement, mais avec encore comme une réticence, un résistance.
Les enfants de CM2, dans tel village, sortent de l’école, rentrent chez eux et se précipitent sur l’ordinateur pour aller « Tchater* » sur Machin messenger. Les lycéens d’à côté font de même. Ils ont tellement à dire sur le voyage de dix minutes qui les a séparés. Ou alors, non ! Ils mettent en œuvre un autre rapport à l’autre, donc à soi, avec une mise à distance, une sorte de protection, un bouclier virtuel, pour un échange de mots et d’idées réel. Vivre quotidiennement un imaginaire palpable ? Une forme de fuite dans une réalité trop lourde, trop sordide ? Il y a un problème, il y a une question, des questions ! Il va falloir comprendre pour pouvoir si nécessaire intervenir. La plus mauvaise des réponse sera l’opposition frontale. Alors... Au boulot !
Tiens au fait. Je me plais à rêver d’un jeu de piste dans lequel chaque équipe s’aiderait d’un GPS*. Croquignolet, non ?
Alain Ghéno
Le téléphone portable a pris une importance considérable dans le quotidien des adolescents. Cette réalité se retrouve aussi dans les centres de vacances.
Journée ordinaire d’un groupe d’ados en camp. Le téléphone portable fait partie intégrante de l’environnement. Régulièrement des jeunes se mettent à l’écart une main sur l’oreille. Parfois, ils téléphonent au milieu des autres, à qui cela semble d’un naturel évident.
Par moment, il s’établit une convivialité autour de l’appareil, ils partagent leurs communications avec les autres ados.
L’habitude de téléphoner est telle pour certains, que cela ne les empêche pas de pratiquer une autre activité en même temps. L’après-midi, un jeu s’organise. Kevin est armé d’un gros pistolet pour arroser les autres. Soudain, il fouille dans sa poche, prend son téléphone et commence à parler. Tout en discutant dans son portable, il va remplir l’arme qu’il tient dans son autre main et part à la recherche d’un adversaire à tremper.
En constatant cette situation au début du séjour, l’équipe avait proposé qu’il y ait des heures définies pour utiliser le portable. Mais, elle s’est heurtée à l’incompréhension totale des ados et cette organisation n’a pas pu se mettre ne place. Le téléphone portable fait partie de la vie des adolescents, de leur univers, de leurs relations et de leurs complicité. Ils l’ont parfaitement maîtrisé et intégré. Si son utilisation nous interroge et parfois nous met mal à l’aise, c’est qu’il est à la fois un lien, mais également un frein. Lien avec les copains, avec la famille. On reste en contact régulier, on raconte de que l’on vit.
Il peut aussi être vecteur de relation. Ados se prêtant leur téléphone, échangeant autour des communications qu’il viennent de recevoir...
Pourtant, bien que ces jeunes soient dans le même camp, s’amusent, partagent des moments de vie, durant mon séjour parmi eux, j’ai eu du mal à cerner une réelle dimension de groupe. J’avais plutôt le sentiment de voir des ados vivant les uns à côté des autres, que vivant ensemble.
S’il n’en était sans doute pas la cause unique, je pense que le fait que le téléphone les coupe régulièrement et à tout moment du centre y a contribué.
On peut également s’interroger sur la notion d’émancipation. Les ados se retrouvant en permanence rattachés à leur famille et à leur environnement habituel. Les parents dotent-ils leurs enfants d’un téléphone portable pour lui permettre d’avoir plus d’autonomie, ou pour avoir toujours une oreille sur lui ? « Je peux savoir en permanence où il se trouve et ce qu’il fait, dit un parent, ça me rassure... »
Il me semble important que cette question du téléphone portable puisse être évoquée lots de la préparation des séjours avec les équipes d’encadrement, les jeunes et les parents. Sans dogmatisme, mais en tenant compte de la réalité, de l’intérêt que peut représenter cette machine et de ses dérives.
Olivier Ivanoff, les Cahiers de l’Animation Vacances Loisirs N°52, CEMEA, octobre 2005.
* : c’est déjà un jeu de piste !