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Témoignage d’une situation de découverte vécue avec des jeunes, dont l’objectif est de découvrir la ville où ils vivent en se penchant sur l’histoire de ses rues. Il s’agit d’une aventure en plusieurs temps. Le matin, un certain nombre d’étapes sont proposées. L’après-midi, des projets individuels et collectifs sont vécus.
Pour emmener des enfants découvrir une partie de la ville, quelques outils sont indispensables :
Il est important d’avoir :
Lieux ressources :
Nous avons donné rendez-vous à tous au centre, à 9 heures du matin, pour présenter la démarche. Nous allons faire deux groupes, qui se retrouveront à certains moments pour échanger, observer, partager. Notre support premier, une carte de la ville en 1574 va nous permettre de faire des ponts entre le passé et le présent, d’être curieux des continuités et des changements, et, mine de rien, de réinterroger notre environnement de manière nouvelle, de redevenir curieux avec notre ville que nous n’autorisons plus à nous surprendre, pris que nous sommes par nos préoccupations quotidiennes. Pourtant cette ville est porteuse d’histoire, de recoins, d’anecdotes, de trésors et de mystères qui ne demandent qu’à être redécouverts, qu’à être partagés. La diversité de nos parcours personnels rend l’aventure encore plus riche, car nous mettons ce que nous sommes au service de cette démarche sensible.
Le matin, un itinéraire en plusieurs étapes nous a permis de revivre une partie de l’histoire du vieux Dijon. Chaque groupe avait une pochette, sur laquelle était collé un plan actuel de la ville et un plan de 1574. Dans la pochette, il y avait six enveloppes, que nous devions ouvrir au fur et à mesure des étapes de notre découverte. Dans chaque enveloppe, à propos du lieu où nous étions, nous avions préparé des images, des vieilles cartes postales et des questions qui devaient permettre de mieux découvrir l’endroit et de trouver l’endroit de l’étape suivante. Les deux groupes avaient des étapes identiques, mais dans un ordre différent. À midi, nous nous sommes retrouvés sur une place, la place Émile-Zola, anciennement place du Morimont qui « pendant des siècles [...] offrit aux Dijonnais le spectacle toujours recherché, hélas ! des souffrances atroces de l’expiation. Au centre s’élevait un échafaud... »
Clin d’’œil de l’histoire, sur cette place, aujourd’hui, est installé un restaurant d’une chaine commerciale, l’Émile Brochette dont la spécialité est la potence... c’est bien entendu là que nous avons mangé. Retrouvailles de la fine équipe autour d’un moment convivial, approprié pour les échanges et la « digestion » de cette première phase de découverte. Nous sommes repartis en groupes différents, autour de questions, d’envies qui avaient émergé le matin.
Place Machin, rue Truc... C’est drôle ce nom de place. Qui était ce monsieur Machin ? Qu’est-ce qui s’est passé cette année là ?
Mais pourquoi elle a deux nos la place ? Qui c’est qui décide ? Quand je découvre l’histoire de Machin et de Truc, je découvre ma propre histoire.
Où est donc l’eau de Suzon, qui apparaît sur la carte de 1574 en plein centre de la ville et dont on ne voit plus la trace ? Une prophétie dit que Dijon disparaîtra par le Suzon, est-ce la raison pour laquelle il a été recouvert. Il ne reste aujourd’hui comme trace qu’une rue de Suzon. L’autre groupe s’est intéressé aux remparts et sa quête a été plus fructueuse. Une bonne partie des remparts reste visible.
Deux rendez-vous étaient prévus pour finir cette journée, nous permettant d’ouvrir de nouveaux angles de questionnement et de découverte de la ville au travers des originaux de plans et d’archives de la création de Dijon à 1930. Tout d’abord, une visite en haut de la tour Philippe le Bon, qui permet de voir le centre de Dijon de haut. Nous avons pu avoir une vision globale, différente de cette ville. Les différentes étapes de construction et de destruction apparaissent plus clairement, cela donne un ensemble diversifié, donc vivant et fascinant du milieu dans lequel nous vivons, et qui nous semble immuable, en particulier quand on parle du « centre ville ».
La dernière étape révélait la cohérence de notre aventure. Nous sommes allés aux archives municipales rencontrer une conservatrice qui nous a emmenés dans l’histoire ce cette ville. Notre imaginaire était prêt, nous avions créé des repères au fil de cette journée pour que le discours devienne compréhensible et permette à chacun de trouver les personnages, les décors rendant vivant cette histoire parfois si abstraite. L’espace et le temps avaient ainsi pris sens en une journée et nous permettait de nous inscrire dans cette histoire, dans une ville, dans une groupe. Cette démarche d’éducation relative à l’environnement nous a permis de redécouvrir de manière sensible notre environnement quotidien, d’interagir avec lui et avec d’autres personnes animées par les mêmes envies, de réinterroger notre rapport au temps et à l’espace et sortir de l’instant, le temps de redonner du sens. C’était du plaisir de vivre cette aventure à plusieurs.
Article issu de la publication Les Cahiers de l’animation Vacances Loisirs ©CEMEA