Accueil > Textes > Structures > Centres de Vacances / séjours > L’intimité de la vie collective
Proposer des vacances aux enfants, ce n’est pas seulement leur proposer des activités ou des prestations de qualité, c’est aussi leur faire vivre une qualité de relation entre les personnes. Vivre en groupe, doit être aujourd’hui au centre de tous les apprentissages que permet le centre de vacances.
A quoi tient ce sentiment particulier qui fait dire aux gens, adultes ou enfants, qu’ils se sentent bien en vacances ; qu’ils ont passé de bonnes vacances ou que c’était pas terrible ! Et les enfants ? Comment vivent-ils leur séjour en centre de vacances. Les tendances mises en évidences par les résultats de plusieurs enquêtes réalisées régulièrement depuis quelques années auprès d’enfants qui ont la chance de pouvoir partir en centre de vacances constituent des éléments de réponses à cette interrogation. Pour eux, se retrouver avec des copains et faire de nouvelles rencontres, pouvoir choisir et réaliser des activités avec des animateurs disponibles, vivre sans trop de contraintes des relations avec les autres, sont des apréciations très importantes.
De l’ambiance, comme on dit, dépendent la réussite du séjour et les souvenirs de bons moments passés avec les copains, qui restent gravés dans la mémoire.
Certains organisateurs de centres de vacances, succombant à la logique du marché, on peut-être oublié ces dernières années la qualité de la vie collective. Celle-ci est pourtant déterminantes dans la réalisation de leurs objectifs à la fois éducatifs et commerciaux, de faire passer de bonnes vacances aux enfants. D’autres, toujours convaincus de l’intérêt éducatif du centre de vacances comme lieu de socialisation, hésitent à l’affirler ouvertement dans la présentation de leurs séjours parce que la valeur éducative n’est pas, hélas, un argument de vente suffisant. L’organisation de la vie collective par l’équipe de direction n’est pourtant jamais neutre. La structuration de l’effectif d’enfants en un ou plusieurs groupes selon différents critères d’âge ou autres, sont des choix, correspondant à des options éducatives, que celles-ci soient clairement explicitées ou pas, tant par l’organisateur que par le directeur du séjour.
L’évolution qu’ont connus les centres de vacances, la mise en question de leur utilité sociale, nécéssitent de revenir sur le sens de ces choix d’organisation qui ne sont pas que des outils techniques de gestion et d’encadrement d’un nombre d’enfants par un nombre d’adultes. C’est d’autant plus nécessaire que ce que l’on appelle vie collective est souvent vécue dans notre société comme une contrainte, un lode d’organisation obligée et qu’il faut bien faire avec si l’on veut proposer et faire vivre des vacances aux enfants.
Un dossier de la revue Vers L’éducation nouvelle développait récemment quelles conditions devaient réunir aujourd’hui les centres de vacances et de loisirs pour être des lieux d’éducation sociale, des lieux de refus de l’exclusion. Parmis ces conditions était citée la dimenssion collective de ces vacances, source d’une grande richesse pour les participants.
Se sentir en vacances tient bien au fait que la vie collective est bien organisée.
Vivre en groupe est certe un moyen, mais c’est aussi un objet éducatif que peut avoir une équipe d’animation. Celui-ci est au centre de tous les apprentissages que permet le centre de vacances.
La vie collective en centre de vacances ne s’organise pas pour imposer à chacun de se conformer à un moule et de faire la même chose ; elle doit permettre tout au contraire l’épanouissment de chacun. « Il s’agit bien là d’une socialisation où l’individu prend toute sa place, et va progresser grâce à la richesse du groupe. Cela nécessite que les personnes soient bien dans des groupes et pas dans des foules, que les espaces permettent la vie du groupe mais aussi l’intimité de chacun... cela necéssite des moyens et des espaces de qualité. Cela nécessite aussi de la part des animateurs et des directeurs une conception de la vie collective des enfants et des jeunes qui soit bien au service de chacun des membres de la collectivité et non pas que chacun se modélise au service du groupe ».*
Être avec les autres c’est aussi partager ou apprendre à partager, prendre part à la vie du groupe, aux décisions concernant la vie quotidienne et l’emploi de son temps, écouter les autres et savoir tenir compte de leur avis dans la négociation et l’organisation de projets d’activités... L’action de l’animateur se situe directement là. Veiller à ce que chacun puisse vivre à son rythme, les activités choisies, les rendez-vous, des secrets. Mais aussi prendre le temps avec ses copains à table, dans la chambre, de se retrouver ensemble ; les enfants nous rappellent à leur manière que les vacances, symbole du libre choix et de la libre décision ne doivent pas être à l’évidence du temps contraint.
* A quoi peuvent servir aujourd’hui les centres de vacances et de loisirs, JF Magnin, Dossier CVL enjeux actuel, VEN n°470 mai juin 1995