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En matière d’astronomie, il existe une idée qu’il convient de battre en brèche : l’astronomie ne peut se vivre dans un CLSH puisque le centre vit le jour !
Deuxième difficulté, et non des moindres : le rythme scolaire (9 mois) permet de réaliser les observations nécessaires à la compréhension des mouvements de la terre dans le système solaire (saison) mais un CLSH d’un ou deux mois... Le CLSH serait-il donc le parent pauvre de l’astronomie ?
Sans prétention, néanmoins, des Nuits des étoiles y sont organisées, avec la deuxième année, trois cent visiteurs. Et de telles soirées qui regroupent des personnes très diverses (enfants, parents d’enfants, parents d’animateurs, ami(e)s, curieux sans enfants au centre...) permettent d’ancrer un centre dans un quartier, dans une commune sans tomber dans la classique soirée gâteau où les enfants vont se mettre en spectacle devant leurs parents.
Ces rencontres dans lesquelles chacun trouve sa place, chacun découvre à son rythme... répondent aux soucis de citoyenneté que doivent défendre nos CVL : développer librement l’individu, se construire dans un espace libre, accéder pleinement au statut de citoyen acteur. Et quitte à parler de citoyenneté, il n’est malheureusement pas inutile de rappeler que celle-ci ne peut échapper à la notion de liberté et donc de choix. Les activités décrites, par la suite, étaient certes une construction d’adulte mais ne restaient que des propositions. L’enfant reste donc libre d’accepter, de refuser ou de proposer autre chose (encore faut-il qu’il en ait les moyens, mais c’est un autre sujet...).
Parler des étoiles, des distances telles que les images de celles-ci datent de centaines ou de milliers d’années, parler de la conquête spatiale, des probabilités de pouvoir vivre ailleurs et donc des conditions qui ont engendré la vie sur Terre, parler des mythes et des légendes qui entourent les constellations..., l’astronomie a toujours été source d’imagination, le jour comme la nuit.
Le premier outil que l’on peut utiliser est bien évidemment le conte que l’on peut lire, raconter ou encore construire. Et quel plaisir que d’inventer une histoire, un vaisseau spatial partant à la dérive et amerrissant sur une planète inconnue dans un jeune système solaire (jeune, avec donc un soleil bleu !). Le conte crée un contexte libérateur, permettant souvent de donner corps à l’imaginaire et facilite donc toute sorte d’activités. On peut construire des maquettes en construisant un sol lunaire ou martien sur lequel on installe des véhicules spatiaux avec des bouteilles et objets divers collés au pistolet à colle et décorés avec de la peinture métallisée. On peut aussi se mettre à la peinture sur des supports divers (fresques...). Il ne faut pas oublier les activités spontanées avec des Légos permettant de ré-écrire la Guerre des étoiles ou lire dans un coin...
L’imagination est-elle compatible avec les sciences ? L’imagination est un outil à part entière qui permet de se construire un équilibre physique et psychique mais elle peut être aussi un outil de sensibilisation pour des faits de société ou des domaines scientifiques. Car dans un processus d’apprentissage, seul l’apprenant décide d’apprendre ou non. Pour que cette décision soit positive il faut qu’il ait envie et celle-ci n’est pas étrangère à une nécessaire émotion.
L’imagination peut donc être dans le cadre de l’astronomie un médiateur pour aller plus loin. Dans le cadre d’un CLSH on peut tout de suite penser aux fusées (et particulièrement aux fusées à eau). Cette activité technique et scientifique en premier lieu, qui plaît très souvent à un large public, est aussi un prétexte à une ouverture d’esprit que la conquête spatiale, sur la vie dans l’espace, sur des notions de distance - actuellement en combien d’années une sonde peut-elle se rendre sur Pluton ? (environ 15 ans) ou sur l’étoile la plus proche après le Soleil (quelques siècles) ? Ces activités scientifiques peuvent aussi s’accompagner d’observations du Soleil ou de la construction d’un cadran solaire. Mais très rapidement va se faire ressentir le besoin d’observer le ciel...
Alors au début, pourquoi ne pas commencer chez soi en famille... en se construisant un planiciel ? Et pour expliquer que les constellations ne sont que des représentations imaginaires construites par l’être humain, nous avons construit des planiciels sans les traits représentant les constellations : aux enfants de les inventer et le soir de les rechercher. Et là encore on crée un lien social entre les familles et le centre car il n’est pas rare de trouver des parents curieux de l’astronomie.
Durant deux années consécutives nous avons décidé de nous associer avec la Nuit nationale de étoiles (co-organisée avec l’AFA, l’ANSTJ...]. Ce choix de date facilite l’annonce publique de la soirée mais a bien évidemment l’inconvénient technique, en terme de capacité d’accueil, d’augmenter le public potentiel. La suite demande avant tout une organisation dans le temps car une soirée même d’envergure moyenne ne peut s’improviser. Pour deux à trois cents personnes il faut au moins cinq personnes compétentes au préalable dans le domaine de l’astronomie (mais aussi penser en amont du centre à une courte formation des animateurs afin de pouvoir animer quelques ateliers , repérage constellations, contes...). Il faut penser à la chronologie de la soirée qui peut durer entre cinq et dix heures : heure de présence des planètes (Lune, Jupiter, Saturne...) ainsi que d’autres animations moins liées aux mouvements des astres afin de ne pas avoir de temps mort trop long. Et surtout il ne faudra pas oublier que la présence des nuages n’est pas forcément prévisible...
Bien évidemment nous ne pourront pas aborder l’ensemble des problèmes qui surgissent dans l’organisation d’une telle soirée mais il faut penser à quelques problèmes d’organisation inévitables :
Dans le cadre d’une telle soirée, le débat est peut-être l’élément, au premier abord, que l’on peut identifier comme le plus proche de nos idées d’éducation populaire. Il est souvent l’occasion de dénoncer rationnellement des absurdités scientifiques (délires autour des OVNI, de l’astrologie...) mais surtout d’aborder des questions politiques normalement réservées à une élite appartenant à une technostructure.
Qui a décidé que nous allions envoyer ces dix prochaines années autant de satellites que durant les quarante dernières ? Qui décide de protéger ou de ne pas protéger le ciel nocturne ? Qui a décidé de dépenser 52 milliards dans un avion spatial (Hermès) qui ne sortira jamais de plans plus ou moins fumeux ? Qui a décidé qu’il était d’un intérêt scientifique de construire une nouvelle station orbitale ?...
Autant de questions auxquelles on ne doit pas forcément apporter de réponses précises. Néanmoins il est bien du ressort de l’éducation populaire de les poser afin qu’elles puissent être discutées le plus démocratiquement et le plus largement possible et pour critiquer une technostructure où les décisions se prennent entre une poignée d’hommes sous prétexte d’efficacité... Les rois avaient des arguments similaires...
Régis BALRY, Les Cahiers de l’Animation n°26, 2ème trimestre 1999, pages 39 et 40 & Dossier des Cahiers de l’Animation n°6, juillet 1998, pages 39 et 40.
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