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Ce n’était pas le dernier jour. Directeurs, animateurs et responsables de l’association du centre de loisirs, nous avions décidé d’organiser un repas avec les parents.
Cette soirée avait déjà eu lieu l’année précédente et avait remporté l’adhésion des familles qui avaient demandé son renouvellement.
Un soir de cet été là, nous étions à peu près une centaine à table. Sans spectacle d’enfants, juste pour manger. Nous nous sommes retrouvés à table avec près des trois quart des familles. L’organisation de cette soirée, l’adhésion des parents et leur participation active fut le résultat d’un travail, commencé les années précédentes, qui visait à faire évoluer le fonctionnement du centre et à repenser la place des familles en prenant en compte les réalités locales.
Les temps d’accueil échelonnés de 7h30 à 10h30 le matin et entre 17 heures et 18h30 le soir fonctionnaient depuis quelques années. Il s’agissait pour l’équipe de s’organiser afin d’être disponible pour échanger, proposer un café ou un jus de fruit. Mais aussi de permettre aux parents de rester un moment avec leurs enfants et de jouer avec eux. Les inscriptions à la demi-journée ou à la journée avaient pour but de prendre en compte les réalités de travail des parents, dont certains travaillaient à temps partiel à l’usine du village. La réduction du temps de travail, notamment pour motifs économiques, avait mis des familles en difficulté quant au paiement du CLSH à temps plein pour leurs enfants. Des parents souhaitaient aussi profiter de temps de loisirs avec leurs enfants sans pour autant renoncer au centre. Nous souhaitions respecter les souhaits des familles et leurs rythmes de vie, faire vivre à l’intérieur du centre l’espace de discussion qui s’établit habituellement derrière la barrière de l’école. Les parents ont pu alors observer notre fonctionnement et poser des questions. « Mais, qu’est-ce qu’il font les enfants ? » Avoir choisi de fonctionner sans planning nous a amené à répondre à ce genre de questions. Le temps d’accueil contribuait à expliciter notre projet et notre démarche.
L’objectif de la soirée était de prolonger ces moments. Nous avions choisi de mettre des tables d’une diziane de couverts afin de favoriser les discussions mais aussi les brassages entre les familles présentes. Nous étions aussi attachés au fait que les enfants aient des espaces de jeux afin de ne pas être laissés pour compte. Le jeu devait aussi permettre le contact entre adultes, adultes et enfants, entre animateurs et parents. Jeux de société et jeux traditionnels en bois furent installés dans un coin de la cour d’école, un peu à l’écart du lieu de repas. Après le repas, des animateurs ont joué de la musique et nous avons animé des danses collectives.
Durant ce mois d’été, le centre de loisirs est devenu un lieu de rencontres et de sociabilité. Centrée sur la rencontre et le plaisir de vivre ensemble un moment, la soirée organisée au cours du séjour a contribué à faire du CLSH un espace d’échange, elle a permis à des familles différentes de se rencontrer. Ceci nous a semblé d’autant plus important que ce CLSH installé en milieu rural accueille des enfants et des familles parfois isolées géographiquement et socialement faute de moyens de transports ou par une grande précarité. Il est alors parfois difficile de se constituer un réseau de relations. Le temps convivial et festif fut le résultat d’un travail quotidien d’accueil des familles, concrétisé par des temps d’accueil repérés, des membres de l’équipe disponibles et soucieux d’échanger sur les pratiques pédagogiques qui pouvaient susciter quelques questions de la part des familles des enfants. Par ailleurs, certaines familles ont parfois demandé un coup de pouce pour remplir un formulaire administratif, ou lire un document officiel. Nous trouvions important de prendre en compte ces demandes ainsi que le besoin de venir discuter de tout, de rien.
La soirée ne fut qu’un des moyens d’associer les familles aux loisirs de leurs enfants, un moyen parmi d’autres, un moyen qui n’aurait pas été suffisant. Parce qu’il faut s’approcher, s’apprivoiser, se comprendre. Pour échanger sur nos valeurs éducatives, les discuter, les confronter parfois. Et enfin, ce fut un moyen de faire vivre un CLSH ouvert sur la vie du village.
Christophe Descamps, Les cahiers de l’animation Vacances Loisirs n°55 / © ceméa, juillet 2006