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Gile est animateur-conseiller au Mouvement Français pour le Planning Familiale (MFPF) de Nantes. Il nous parle de son expérience dans le cadre des interventions que lui et ses collègues organisent et mettent en place dans les établissements scolaires secondaires. Nous nous intéressons ici aux objectifs et au déroulement des séances menées sur l’éducation à la sexualité, en groupes non-mixtes garçons.
Enquêtrice (E) : Quels sont les objectifs de ces interventions ?
Gile (G) : Ils sont multiples. Un des principaux objectifs est de réaliser un travail de sensibilisation, de prévention et d’information sur les questions de la sexualité, de la contraception, des I.S.T (Infections sexuellement transmissibles) et du SIDA, du sexisme, de l’homophobie.
Un autre objectif est celui de faire connaître le MFPF, notamment pour que les jeunes repèrent ce lieu comme étant un lieu pour eux et elles, un lieu où l’on peut venir librement sans autorisation parentale.
Par ailleurs, promouvant les valeurs du MFPF : féminisme et éducation populaire nous avons pour objectif de favoriser l’autonomie de la personne, en lui donnant un maximum de billes, afin qu’elle fasse des vrais choix.
E : Pourquoi ces séances se déroulent en non-mixité ?
G : Tout d’abord parce que nous nous sommes rendu-e-s compte que la parole est genrée c’est-à-dire que cette activité s’inscrit, notamment, dans des rapports sociaux de sexe. La domination masculine se traduit par exemple, dans des groupes mixtes, par le fait que très fréquemment les garçons monopolisent la parole et laissent peu de places aux filles. En outre, les sujets d’intérêts et les questions ne sont pas forcément les mêmes pour les garçons et pour les filles. En non-mixité, la parole est moins retenue, elle est plus franche... et les enjeux de pouvoir et de séduction sont moindres. Si les garçons sont partagés quand on leur demande leur avis sur le fait que cela se passe en non-mixité, les fille sont elles quasi unanimes quant à la pertinence de ces séances.
Par ailleurs, en tant qu’animateurs et animatrices du Planning, nous pensons qu’il est important qu’il y ait des animateurs garçons dans les groupes garçons.
E : Comment se déroulent ces séances ?
G : D’abord, en ce qui nous concerne, nous souhaiterions que ces séances aient lieu sur une base volontaire, or, dans la plupart des cas, ce sont des séances qui sont décidées par les établissements et qui n’émanent pas d’une demande des jeunes. C’est dommage, mais c’est déjà bien que les établissements fassent la démarche de les organiser. Cependant, les trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité prévues, d’après une circulaire officielle, dans les écoles, collèges et lycées sont rarement dispensées en totalité.
Ensuite, les séances : elles durent une heure et demi et elles se déroulent en petits groupes, ce qui, selon nous, est un autre élément essentiel pour favoriser l’échange et la circulation de la parole. C’est pour les mêmes raisons qu’aucun personnel de l’établissement n’est présent lors de ces animations. Par contre ils/elles participent à avec des membres du MFPF à des réunions préparatoires et de bilan.
Au début, nous demandons aux jeunes s’ils/elles savent pourquoi nous sommes là et nous leur demandons ce qu’ils et elles attendent de cette séance. De notre côté nous leur disons que nous ne sommes pas venu-e-s là pour faire un cours, ni pour les évaluer mais pour échanger ensemble. C’est à ce moment là que nous pouvons leur décrire ce qu’est le MFPF, à savoir une association féministe et d’éducation populaire, ce qui fait déjà une base de discussion. Autrement, nous faisons vivre un jeu durant la séance...un jeu pensé et crée par le MFPF à partir des réflexions des jeunes. Nous pensons également que le jeu est un support qui favorise la discussion, l’échange et la mise en confiance.
Le but est de faire ressortir leurs préoccupations, qui se situent le plus souvent autours du corps, de la sexualité, de la puberté, des « premières fois », etc. On amène aussi un autre type d’information plus sociale, humaine et moins biologique que celle délivrée dans les cours de SVT notamment sur la contraception, le corps.
Ainsi, nous pouvons également décrypter les comportements sexistes, homophobes, les violences. Comportements et violences qui sont majoritairement véhiculés et perpétués par les garçons, envers les filles et les autres garçons. Tout ceci nous permet aussi de discuter de leurs rapports entre garçons ainsi qu’avec les filles.
Un autre but, qui est central pour nous, c’est de discuter de tout ce qui concerne les « normes ». en effet, nous pensons que ce sont les normes sociales intégrées par les jeunes (et les moins jeunes d’ailleurs !) qui conditionnent les comportements des personnes et favorisent les violences. C’est ainsi que nous abordons les questions de l’hétérosexualité (et de la façon dont elle s’impose comme une norme dans notre société), ou encore de la taille du pénis : c’est une des questions qui préoccupent le plus les garçons (Quelle est la taille normale ? Est-ce-que le plaisir est fonction de la taille ?!!!).