Accueil > Textes > Groupe et référence > L’animateur référent
Le rôle de l’animateur est primordial dans la vie quotidienne du centre de vacances. Il doit faire preuve d’attention, de disponibilité, de patience, d’écoute constante. Chaque enfant doit se sentir respecté à tout moment en tant qu’individu, pour trouver sa place, et évoluer à son aise.
Une trentaine d’enfants, de 4 à 10 ans, est séparée en deux groupes. Trois animateurs s’occupent de treize enfants de 4 à 7 ans. Jessica est l’animatrice de référence des quatre plus petits.
Kim-Ly ne parle pas. Elle n’ouvre pas la bouche. On se demande même parfois si elle comprend ce qu’on lui dit, car jamais elle ne manifeste une réponse : pas un mot, pas un hochement de tête.
Kim-Ly ne sourit pas, ne pleure pas.
Kim-Ly ne mange pas... ou si peu. D’après sa mère, il lui faut deux heures, montre en main, pour manger un yaourt. Dès le premier jour, on constate qu’elle garde la viande dans ses joues... comme si elle ne savait ni mâcher, ni avaler !?
Kim-Ly ne joue pas avec les autres, et ne semble pas communiquer avec eux.
Kim-Ly parle : avec les autres enfants, avec les adultes.
Kim-Ly rit, pique des fou-rires... et nous entraîne avec elle.
Kim-Ly mange, de tout. Et si elle termine son assiette la dernière, c’est parce qu’elle en a repris.
Kim-Ly joue, a un amoureux, vient sans cesse nous faire des chatouilles... et est parfois même bien dissipée !
Son père téléphone pour remercier l’animatrice du travail qu’elle a fait. Il ne reconnait plus sa fille : elle mange bien, et n’arrête pas de parler, de raconter sa colonie en détail.
Jessica, son animatrice de référence, a su répondre aux particularités de son caractère. Elle a su respecter, dans le groupe, son individualité. Elle a pris le temps, au moment des repas, de hacher menu la viande et les légumes, ou de couper les fruits en petits dés pour qu’ils soient plus faciles à manger. Elle a laissé Kim-Ly jouer tard le soir dans son lit, alors que les autres dormaient déjà. Elle lui a sans doute consacré un petit peut plus de temps qu’aux autres en câlins et autres moments privilégiés... Elle a su établir une relation, un climat de confiance. Et le déclic s’est produit. On ne l’a plus reconnue. Kim-Ly s’est métamorphosée !
Cette expérience a vraiment été formidable. Elle nous montre comment l’animateur, en décidant d’y consacrer le temps et l’énergie qu’il faut, peut permettre à chaque enfant, quel qu’il soit en arrivant, de faire un bout de chemin, son chemin à lui.
Elle nous montre comment les moments de vie quotidienne, dans les centres de vacances, sont importants : pas seulement les moments de vie quotidienne fixés, annoncés comme tels ( repas, douche, coucher...), mais aussi les moments où on choisit de respecter l’enfant dans son individualité.
Quelque soit l’organisation générale du centre, chaque animateur peut, dans son groupe, faire vivre la vie quotidienne de manière à ce que chaque enfant y trouve sa place et s’y sente bien, de manière à ce que les journées soient tout simplement agréables à vivre...
- en laissant un enfant terminer son dessin alors que tous les autres sont partis se doucher ;
- en permettant à celui-ci de ne pas s'allonger en temps calme car on sait que de toutes façons il ne dort pas, s'énerve, et empêche les autres de se reposer ;
- en s'interdisant de blâmer cet autre parce qu'il est toujours dernier et fait attendre tout le groupe ;
- en acceptant que celui-là ne mange pas la soupe au potiron de ce soir : les goûts ne se discutent pas ;
- en écoutant chaque enfant qui a besoin de se confier ;
- en répondant à toutes les questions, même celles qui nous paraissent sans importance.
Céline Mouton - Les Cahiers de l’animation vacances loisirs - n°28 - Ceméa