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L’activité spontanée en centre de loisirs

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Au centre de loisirs de la Maison de l’Enfance de Bachelard à Grenoble, le programme est fait avec les enfants.
Cependant, l’éventail des activités établi n’en reste pas moins un fil conducteur qui peut changer, évoluer en fonction de la vie des groupes. Car même si le programme est fabriqué de mois en mois pour les périodes scolaires, de semaine en semaine pendant les vacances, il l’est principalement de jour en jour, parce personne n’est capable de prévoir véritablement ce qu’il va se passer, ce que chacun va « mettre dans sa journée », et les différents mouvements qui vont découler de telles ou telles actions.

Personne ne vole le plaisir de l’autre

Un mercredi de juin, le groupe des 7-9 ans avait prévu de tourner sur deux ateliers, bois et poterie. Mais dès l’accueil de 13h45, un petit groupe de garçons a décidé de faire des sarbacanes. En moins de deux minutes presque tous les garçons sont d’accord, et suivent cette nouvelle idée. Le bois et la poterie ça sera pour une prochaine fois, lorsque leur projet sera plus avancé, même si des choses avaient déjà été commencées.
Pour les sarbacanes, on prendra des rouleaux de carton qu’on a repéré, on les décorera, on fabriquera des flèches en papier, et ce sera bon.
Les sarbacanes auront fait jouer toute l’après-midi, mais qui aurait pu le prévoir ? Le reste du groupe, garçons et filles, est resté sur le programme initial, car telle était leur volonté.

En juillet, le groupe de 3/4 ans est dans la cour, les petits plantent des clous. Véronique, membre de l’équipe de direction est en activité avec Brahim, un animateur qui a peur de donner des outils aux tout petits.
Tout se passe tranquillement, chacun son marteau, la vie est belle.
Véronique profite de l’occasion pour un bricolage personnel : quatre rondelles coupées dans une branche, des trous à la vrille et voilà les roues de l’autobus fixées au « châssis ».
Les 10/13 ans reviennent à la maison de l’enfance pour boire un coup après un jeu de ballon. Namia, l’animatrice est avec eux.
Un petit bonjour aux 3/4... et la voilà qui tombe amoureuse du car en bois. C’est irrésistible, il faut qu’elle essaye. Immédiatement, elle prend un scie et la branche pour voir si elle saura faire. Pendant ce temps, les grands sont repartis jouer seuls. Ils resteront encore une heure derrière la Maison. Namia va les voir de temps en temps.
Matinée réussie, chacun a trouvé sa place, personne n’a volé le plaisir de l’autre.

Apprendre la souplesse de fonctionnement

Les origines des changements de programme sont multiples : mauvaise préparation des animateurs, idée ancienne qui n’avait pas abouti, ou tout simplement, comme dans cet exemple, la dernière trouvaille pour se faire plaisir. Il faut apprendre à faire face à l’imprévu. Pour pouvoir respecter ces mouvances, il faut de manière classique que les animateurs soient à l’écoute des enfants. Mais il faut aussi que le matériel, les moyens de transports et l’état d’esprit qui sont nécessaires à la mise en place d’une activité spontanée, soient disponibles et adaptés. En effet, certaines activités ne peuvent pas s’improviser, car elles nécessite une véritable préparation.
Donc, il faut savoir dire non, prendre date pour plus tard, avoir assez de temps pour préparer, pour apprendre, vérifier l’intensité du projet auprès des enfants. Mais, à cela, il faut ajouter l’obligation pour les animateurs, (et là se trouve la principale difficulté !) d’être assez souple dans leur fonctionnement, d’être en dialogue constant avec le groupe d’enfants, c’est à dire savoir s’asseoir pour vérifier leurs désirs.
C’est aussi savoir accepter qu’il existe des moments de flottements angoissants, mais qui sont de réels instants de négociation, de concertation, d’échange entre enfants et adultes, qui vont parfois déterminer la qualité de vie qui va se dérouler.
L’expérience nous a montré que cela représente un travail difficile pour les jeunes animateurs. On a effectivement l’habitude de mesurer un « bon travail » au faible écart entre le réalisé et le prévu. Il faut apprendre à mesurer autrement, à savoir se régaler avec des projets d’adultes... pour laisser aux enfants leurs propres envies et créations.

L’équilibre se situerait donc entre une animation constituée essentiellement d’activités spontanées et une animation où l’on ne déroge jamais du programme. Mais pour atteindre cet équilibre, un projet pédagogique vivant, affiché, travaillé avec les animateurs, ouvert à des évolutions, est nécessaire, car à chaque variation, à chaque changement de programme, à chaque naissance d’activité spontanée, seul le projet pédagogique peut préciser à nouveau le cadre, redéfinir les champs d’applications possibles.

Gérard Robles, Dossier des Cahiers de l’animation n°1 : Les centres de Loisirs.
©CEMEA

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