Accueil > Textes > Autorité / Règles / Sanction > Autorité : la loi et la sanction
La question de l’autorité est permanente chez tous les animateurs et animatrices. Elle se traduit de manière diverse :
La loi est une nécessité
La présence de la loi (les règles de vie, le règlement, les usages, les lois fondamentales...) sont des cadres nécessaires à toute situation de vie collective. Elle est une nécessité structurante et permet de prendre place dans un groupe, au sein de la société. L’individu a plus de possibilités de se situer et de progresser dans un environnement structuré (la loi en fait partie intégrante) que dans un espace flou où les limites ne sont pas définies explicitement, où elles apparaissent au détour d’un problème sans que les enfants aient pu les voir arriver.
Notre attitude face à la loi influera sur la socialisation de l’enfant. Par ailleurs, il est plus facile à l’individu de remettre en cause une loi existante et clairement posée, s’il n’est pas d’accord avec, qu’une loi vague, non assumée, implicite. Ce qui pourrait être en débat, ce n’est pas l’existence ou non de la loi mais son contenu, ses modalités de construction, d’évolution ainsi que la place et le pouvoir, d’une part de l’adulte, d’autre part des enfants dans sa construction, son évaluation et sa transformation.
Faire respecter la loi, c’est aussi assurer la sécurité physique et affective de tous les enfants...
L’intervention de l’adulte vise les auteurs des infractions... mais elle est aussi dirigée vers l’ensemble de la communauté d’enfants qui, spectateurs, à travers l’intervention de l’adulte identifieront s’il assume ou non son rôle. Les enfants mesureront alors, de ce fait, si l’adulte était et sera en mesure d’être garant de leur propre sécurité s’ils se trouvaient victimes d’un acte causé à leur encontre.
Ils identifieront enfin l’adéquation entre l’infraction et la sanction (juste ou injuste). Sa graduation aura alors son importance. Ils observeront comment l’enfant sanctionné se sortira de cette situation.
Dans ce contexte l’adulte devient un élément de la sécurité physique et affective de l’enfant à travers sa capacité à le protéger de lui-même comme des autres.
Intervenir à chaque transgression
Ne pas intervenir, faire semblant de ne pas avoir vu sont des attitudes qui sont dangereuses pour l’animateur : l’animateur « gentil » n’est plus considéré par les enfants, les adolescents comme un adulte ou comme un animateur. Il devient le complice ou le gentil qui laisse tout faire...
On se doit donc d’intervenir, d’identifier l’acte, de le notifier, de mettre des mots. Au cas où l’on serait pris un peu au dépourvu il convient malgré tout de signifier l’acte de transgression tout en temporisant sa gestion : « J’ai vu et on en reparlera plus tard » Cette temporisation, cette mise à distance dans le temps permet à la fois :
de signifier l’acte et de ne pas se décrédibiliser
de prendre le temps de réfléchir à la gestion de la situation et éventuellement de le traiter en équipe
de laisser le temps à l’enfant ou à l’adolescent de réfléchir aux conséquences de son acte
Hiérarchiser les lois : distinguer la Loi, de la règle, de la consigne.
Intervenir à chaque fois, sanctionner chaque transgression pose de fait la question du nombre d’interventions à faire sur une journée, sur un séjour. Si je dois sanctionner en permanence, je n’ai plus qu’un rôle de « flic », je suis considéré comme le « chieur » de service et mon intervention s’en trouve décrédibiliser. Mon intervention se dilue...
La question de l’adaptabilité des règles se pose donc. Pour ne pas mettre en difficulté le public que j’accueille (et par conséquence moi-même) les règles doivent correspondre aux capacités collectives et/ou individuelles de mon public. Pour expliciter cette notion, prenons un exemple sur un centre de loisirs. Les enfants lors d’un conseil des 9-12 ans proposent d’interdire les insultes entre enfants. Après échanges et discussions, les animateurs/trices refusent l’adoption de cette règle considérant que les enfants ne pourront l’appliquer et que les transgressions seraient plus que quotidiennes. Cette règle devenait donc une consigne : il n’est pas bien d’insulter (et on peut imaginer tout un travail de sensibilisation sur les insultes...) mais l’insulte ne pouvait provoquer de sanction.
De même il convient de distinguer les types de transgressions : on ne peut considérer toutes les transgressions de la même façon. Ne pas ranger son bol après son petit déjeuner ou insulter/menacer un animateur ne peut être considéré et géré de la même manière. Il convient donc de hiérarchiser les règles. On peut donc considérer (c’est une proposition, qui est loin d’être universelle...) trois niveaux :
Ce qui est donc important sur nos structures c’est que les enfants, les adolescents prennent consciences de ces trois niveaux.
Sanctions ou punitions
La punition est la peine subie par quelqu’un, elle sous-tend une contrainte, ses synonymes sont châtiment, correction. La sanction et la punition se différencie en ce sens que la sanction ne s’exprimera pas forcément par la contrainte. Si celle-ci était présente, et elle pourra parfois exister de façon forte, elle sera toujours en cohérence avec l’acte posé, cette cohérence sera argumentée.
Comment sanctionner ?
Quelques principes au préalable :
Le contrat.
La loi ou la règle n’a de sens que si elle est pertinente, elle n’a pas à être mise en place pour faciliter le travail de l’adulte au détriment de l’enfant si elle n’a pas été comprise. Notre rôle sera d’expliquer le sens de la règle, d’écouter les arguments de l’enfant, de négocier son acceptation qui ne sera pas forcément toujours son accord et de passer avec lui un contrat. Le contrat pourra être alors la sanction. Il sera souvent nécessaire d’annoncer à l’enfant les conséquences auxquelles il s’exposerait en cas de récidive. Si celles-ci sont annoncées, elles seront forcément mises en œuvre si la récidive apparaissait. Nous aurons donc besoin de bien mesurer nos propos afin qu’ils puissent être réalisables.
La perte de droit
La perte de droit est temporaire et vise à réduire l’autonomie de l’enfant. Si les enfants ne respectent pas les règles du repas ils peuvent par exemple perdre le droit de s’installer librement à table et le regagner après l’établissement d’un contrat. La perte de droit permet à la fois de maintenir un lien entre l’acte et la sanction et de se donner des perspectives de retour : regagner ses droits...