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Naissance des activités dans un CLSH maternel

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Soixante enfants de 4 à 6 ans accueillis au mois d’août au centre de loisirs de Theix. Répartis en trois tranches d’âges, chacun était sous la responsabilité de quatre animateurs-trices diplômés ou en cours de formation.
L’équipe de direction était composée d’un directeur et de deux adjoints dont un chargé de l’économat.

Le pari

Une organisation souple et le souci de ne plus répondre en différé aux envies des enfants ; ceci nous conduisant à définir une série d’objectifs particuliers touchant à l’aménagement et au rôle de l’adulte :

Laisser vivre l’enfant à son rythme, dans son activité ; le laisser maître de la fin de son jeu dans le cadre d’horaires imposés par la vie quotidienne.
Trouver d’autres moyens que la verbalisation pour susciter une envie d’activité.
Laisser l’enfant maître de ses choix dans son jeu et son activité.
Se servir de l’activité pour offrir à l’enfant exploration, expérimentation, découverte active de son environnement ; avec les dimensions plaisir et émotion, la sensation de vrais loisirs, de véritables vacances.

Pour répondre à ces objectifs, nous avons mis en place un certain nombre de moyens en prenant comme axes de travail l’aménagement du milieu et le rôle de l’animateur.
Pour commencer, il était nécessaire qu’un espace « bien à eux » soit attribué aux enfants, avec des coins aménagés en réponse à leurs intérêts, pour favoriser leur autonomie, leur joie de s’y retrouver chaque jour.
Nous avons créé pour cela « un territoire » par tranche d’âge.

Le « village » des Papillons, par exemple, était installé ainsi : un coin dînette-marchande sous une tente, juste à côté du bac à sable où il y avait pelles, seaux, petites voitures ; à la tente voisine, le coin coiffeur-déguisement ; pas très loin encore, le coin poupée, lecture, « dodo » ; tout cela, autour de tables, de chaises, et sur le côté, un pont de singe, une voiture tronc d’arbre.
Chaque enfant, chaque matin, retrouvait son domaine et y commençait une aventure.

Où étaient les animateurs pendant de temps-là ?

Dans ces coins d’activités « de faire semblant », de jeux symboliques, l’enfant n’a pas besoin d’une technique particulière. D’ailleurs l’adulte n’y est pas toujours le bienvenu et doit savoir se retirer pour laisser l’enfant s’amuser « en paix », pour qu’il ne rentre pas avec l’idée « j’ai pas pu m’amuser, l’animatrice était toujours sur mon dos ».
Cependant, il faut rester à la disposition de l’enfant autonome dans son jeu au cas où il faudrait faire le bébé, le client, la sorcière...

Mais que faisaient les animateurs non invités par les enfants ?

Au départ et dans ces moments-là, l’observation était d’une grande importance, c’est là que nous décelions des envies d’enfants par leurs gestes, leurs expressions.
Les animateurs voulaient proposer leur activité prévue la veille. Pour ne pas « casser » le jeu des enfants, nous n’arrêtions pas leurs occupations pour les réunir et leur demander de faire un choix verbal d’activité.

Chacun des animateurs se dirigeait vers un emplacement qu’il s’attribuait et commençait à y faire quelque chose, une activité.

Dans ce cas, l’enfant allait donc de lui-même décider de la fin de son jeu, et vaquer librement d’un coin à un autre, d’une activité autonome à une autre animée...

Dans cet environnement riche, beaucoup d’envies naissaient, des projets ou des intentions

Un projet part d’une idée qu’on conceptualise, qu’on réalise puis dont on fait un bilan. Une intention peut partir de deux désirs qui se manifestent différemment, l’un est de faire quelque chose que l’on connaît, que l’on a déjà vu, l’enfant va le verbaliser : « on pourra le faire ? », il l’a en tête, son envie peut se projeter dans le temps. Peut-être parlerons-nous donc ici de projet. L’autre désir est spontané, on a envie de « faire », suite à une découverte par rapport au milieu, au moment, à une situation. C’est maintenant, ici, c’est une intention immédiate, donc on pourrait dire « projet spontané ». C’était donc à nous, par l’aménagement de l’environnement, par nos actions (les enfants voient l’animateur fabriquer) de faire naître des intentions ou des projets d’enfants.

Avec ce système plus souple, les enfants étaient heureux : chaque jour ils retrouvaient ce qui leur faisait envie.
Par exemple, hier, Kevin a joué longtemps au sable et à l’eau. Demain, il veut fabriquer un avion avec son copain Walid. Et puis, que d’aventures quand on va « s’prommener » dans les bois qui se trouvent dans le centre même.

Pour mettre en place cette organisation où l’adulte voit bien l’enfant comme étant « en vacances », il faut un réel travail d’équipe avec chez chacun le même soucis de qualité de loisirs pour les enfants.
Privilégier l’observation des enfants et « l’attente » de l’expression de leurs envies par les enfants peut conduire certains animateurs à « attendre » passivement, à se prélasser et se reposer sur le bon vouloir d’autres adultes.

Respect de l’enfant et des ses intentions.

Parfois les animateurs sont déçus de leur journée car elle ne s’est pas passée comme ils l’avaient « rêvée ».
Par exemple, Juliette voulait faire des marionnettes mais avant d’aller à son ouvrage, elle est prise avec quelques enfants dans une fabuleuse aventure de chasse au trésor qui dure jusqu’au moment de partir. Le soir au bilan, Juliette notait qu’elle n’avait rien fait aujourd’hui, qu’elle n’avait fait que « jouer » ! Et bien non, elle a tout simplement répondu à une envie des enfants, elle n’a pas arrêté leur jeu pour avoir la satisfaction d’avoir fabriqué des marionnettes comme elle se l’était dit.
Il faut donc savoir parfois laisser ses prévisions de côté pour répondre à l’imprévu qui correspond bien souvent à une forte envie d’enfants.

Il en est de même pour l’esthétique des choses qu’un jeune enfant va fabriquer. Clouer peindre, bricoler tout seul comme un grand, l’enfant y trouvera plus de plaisir et de jeu qu’à produire un objet bien fini, bien retouché. L’enfant n’est pas là pour un apprentissage forcé, pour « finir » absolument ce qu’il a commencé, pour produire. C’est l’apprentissage d’une manipulation (au sens du but fixé par l’adulte) certes, mais pas d’un savoir-faire d’adulte reproduit, que l’enfant doit rencontrer en CLSH. En tout et pour tout, il faut surtout se laisser aller à la spontanéité des enfants, à leurs jeux.

Bref, nous sommes assez satisfaits. Les enfants étaient ravis ainsi que les parents qui réinscrivaient leurs enfants de semaine en semaine.
En août, les effectifs avaient doublé par rapport aux prévisions. Toutefois, il fallut expliquer aux parents pourquoi il y avait eu moins de production que les années passées. Tout d’abord, ils se demandaient ce que leurs enfants faisaient au centre aéré en ne rentrant pas souvent avec quelque chose, sinon l’envie de revenir.

L’équipe a invité les parents à venir passer une journée au centre de loisirs et ils n’en ont été que plus ravis Beaucoup sont venus voir leurs « petits » courir, rire, scier, grimper, bricoler, jouer, s’amuser.

Certes, nous avons rencontré des difficultés, nous en avons contourné certaines, mais n’est-ce pas là le lot commun de tout projet ?

Notre recherche reste vivante, vous comme nous, dans nos investissements à venir, pouvons alimenter cette réflexion.

Sandrine Roullier, Dossier des Cahiers de l’animation n°1 : Les centres de Loisirs.
©CEMEA

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